Qu'est ce que la jalousie de Dieu?

mercredi 23 mai 2012

Le Seigneur ton Dieu est un feu consumant, un Dieu jaloux.
Deut. 4. 24
Un Dieu jaloux ! Quand nous entendons cette parole, nous la classons vite parmi les notions périmées que les Juifs avaient de Dieu. Nous n'en sommes plus là heureusement depuis Jésus-Christ ! Nous sommes maintenant délivrés de ce Dieu barbare de l'Ancien Testament. Quel chrétien aujourd'hui songe à la jalousie de Dieu pour la craindre ? C'est peut-être déjà le raisonnement que tenaient les croyants auxquels écrivait l'auteur de l'épître aux Hébreux, puisqu'il est obligé de leur rappeler : « Notre Dieu est aussi un feu consumant. » Notre Dieu est aussi jaloux que celui de Moïse. Le Père de notre Seigneur Jésus-Christ n'est pas un autre Dieu que celui du Sinaï. Jésus-Christ n'est pas plus disposé à nous partager avec un autre que Yaveh de donner sa gloire à une idole et de collaborer avec Baal. Non seulement la jalousie de Dieu n'est pas une notion juive abolie par la nouvelle alliance, mais c'est au contraire en Jésus-Christ que nous comprenons la réalité, le sens et le bienfait de cette jalousie. Le vrai Dieu jaloux, c'est celui-là même qui a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique.
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Une remarque encore. Dans le langage courant, nous confondons souvent les mots de jalousie et d'envie. Nous disons d'une personne qu'elle est jalouse de sa voisine parce que cette voisine possède plus d'argent qu'elle. Or, c'est là un sentiment d'envie et nullement de jalousie. Et il va sans dire que la jalousie dont parle notre texte n'a jamais le sens d'envie, mais doit être comprise dans son sens le plus strict ; c'est le sentiment d'un homme pour la femme qu'il aime, quand cette femme appartient à un autre, ou partage son amour avec un autre.

Écoutons maintenant ce que signifie pour nous, dans notre vie, la jalousie de Dieu. Il n'y a guère dans la Bible d'expression plus littéralement saisissante et qui exprime mieux à elle seule toute l'attitude de Dieu à notre égard.
« Je t'ai aimée d'un amour éternel - Dieu a fait éclater son amour envers nous - Il nous a aimé le premier. » Ainsi, page après page, revient dans la Bible, la grande déclaration qui est le premier et le dernier mot de la Révélation, le fond de toutes choses, la raison dernière de notre existence et de notre salut : Dieu est amour. Il faut comprendre que cette déclaration est vraiment le premier et le dernier mot de la Bible. Quoi qu'elle nous dise, la Bible ne nous dit jamais rien d'autre que : Dieu est amour ; et elle n'a rien à nous annoncer de plus que l'amour de Dieu, c'est-à-dire de plus que Jésus-Christ. Seulement si la Bible ne nous dit que l'amour de Dieu, elle nous dit tout l'amour de Dieu, tous les aspects, toute la portée de cet amour. Et nous sommes si loin d'en savoir la gravité. Nous en avons fait, dans l'Eglise en particulier, je ne sais quelle réalité sirupeuse et adoucissante et quel refrain inopérant. Il est grand temps que nous prenions garde à ce que Moïse aujourd'hui nous déclare de cet amour.

« L'Éternel ton Dieu est un feu consumant, un Dieu jaloux. » Est-ce donc une autre parole que celle que le Seigneur adresse à Jérusalem. « Je t'ai aimée d'un amour éternel ? » Non pas. Ce ne sont pas là deux paroles, c'est la même parole. C'est l'autre aspect de la même Parole, l'envers du même message.

Qu'est-ce en effet que la jalousie ? Je ne puis la définir plus simplement que par l'exigence même de l'amour. Sans cette exigence, l'amour n'existe pas, l'amour n'est qu'indifférence. Un homme qui consent à ce que sa femme appartienne à un autre n'aime pas sa femme. S'il l'abandonne à un autre, s'il la partage, l'amour qu'il prétendait avoir pour elle n'était en réalité que de l'indifférence. C'est ainsi qu'une femme infidèle devra craindre son mari dans la mesure où elle se saura aimée par lui, alors qu'elle n'aura rien à craindre si elle se sait indifférente à son époux. C'est là ce que Moïse veut, aujourd'hui, nous rappeler : « Prenez garde, l'amour de Dieu est dangereux, parce qu'il est un véritable amour et non pas une indifférence, il est un amour éternel, insondable, absolu, et non pas une inclination passagère.

Le Seigneur ton Dieu est un Dieu jaloux, parce qu'il t'aime vraiment, parce qu'il est vraiment amour. » Ainsi la jalousie de Dieu (ou sa colère) n'est pas une restriction, une diminution de son amour, elle en est la réalité même. Parce qu'Il t'aime absolument, Dieu te veut absolument, Dieu t'exige exclusivement. Et c'est au contraire toute diminution de son exigence, tout apaisement de sa jalousie qui signifierait une diminution de son amour, toute restriction de la Loi qui serait une restriction de l'Évangile. Ici nous sommes vraiment au coeur de la Parole de Dieu, et nous comprenons pourquoi elle est toujours Loi en même temps qu'Évangile, volonté en même temps que don. Car, encore une fois (et je reviens toujours à cette image parce qu'elle est courante dans la Bible, et que personne ne peut dire qu'il ne la comprend pas), comment un homme peut-il aimer une femme et se donner à elle, sans vouloir cette femme, et sans la vouloir tout entière. Un véritable amour est celui qui donne tout, mais aussi demande tout, qui dit aussi bien : « Tu es à moi », que : « Je suis à toi » ! C'est ainsi que Dieu en nous donnant tout, en se donnant Lui-même (et c'est là Jésus-Christ, c'est là son amour, c'est là l'Évangile), Dieu nous demande tout, il nous veut nous-mêmes (et c'est là sa jalousie, c'est là sa Loi).

La Loi n'est donc pas autre chose que l'Évangile, pas plus que la jalousie n'est autre chose que l'amour. La Loi et l'Évangile sont liée comme la jalousie et l'amour. Cette Loi « Tu n'auras pas d'autres dieux » n'est que l'exigence de l'Évangile, la véritable signification de l'Évangile. Sans la Loi, l'Évangile n'est plus l'Évangile, de même que sans jalousie, sans exclusivisme, l'amour n'est plus l'amour. Parce que l'Évangile est absolu, la Loi est absolue. Parce qu'il n'y a dans l'amour de Dieu aucune réserve, aucun atome d'indifférence, parce qu'en Jésus-Christ, Dieu s'est donné Lui-même, comment supporterait-il de notre part la moindre réserve, comment ne nous demanderait-il pas nous-mêmes avec tout notre coeur, toute notre force et toute notre pensée ? À quoi d'ailleurs pouvons-nous reconnaître l'amour de Dieu, dans notre vie quotidienne, sinon à sa jalousie, sinon à ce qu'Il exige de nous à chaque instant ? « Le Saint-Esprit que Dieu a fait habiter en nous, nous réclame avec jalousie », dit l'apôtre Jacques. La mesure présente de son amour à chaque pas de ma journée, ce ne sont pas les belles idées que j'en puis avoir, c'est l'absolu de sa volonté, c'est cette réclamation jalouse du Saint-Esprit : « Soyez miséricordieux, comme je suis miséricordieux », « Aimez-vous comme je vous ai aimés ». La marque de la présence du Saint-Esprit dans notre vie, c'est notre soumission totale à la volonté de notre Sauveur, de sorte que son amour signifie pour nous actuellement la nécessité d'être coûte que coûte au rendez-vous qu'il nous assigne, la nécessité de le suivre quelles que soient nos autres occupations importantes, un boeuf à vendre, un voyage de noces à faire, un père à enterrer, un regard à jeter en arrière en tenant la charrue (vous connaissez la liste des excuses que donnent les invités au festin des noces). L'amour de Dieu ne tolère pas d'excuses, ne peut pas en tolérer ; car il ne serait plus alors qu'un demi-amour, il cesserait d'être l'amour éternel, l'amour absolu. C'est dans cette connaissance que Josué déclare au peuple d'Israël : « Vous n'aurez pas la force de servir le Seigneur, car c'est un Dieu jaloux », et que Paul demande aux Corinthiens :
« Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? »

Si la jalousie est l'exigence de l'amour, il faut bien voir aussi qu'elle est le danger de l'amour, le risque de l'amour. L'amour ne serait plus l'amour, mais bien une contrainte automatique, s'il ne comportait pas ce risque, cette possibilité de perdre au lieu de sauver. Nous ne servirions pas par amour le Dieu d'amour si nous ne courions pas le risque à tout moment « d'enflammer sa jalousie », si nous n'en connaissions pas la menace. Les pierres et les plantes qui obéissent aux lois de la nature ne connaissent pas le risque de l'amour : ce sont des pierres et des plantes, mais le croyant, le nouvel homme créé en Jésus-Christ à l'image de Dieu, cet homme-là court en chacun de ses gestes le risque de l'amour, le risque définitif de la jalousie du Seigneur. Il n'y aurait pas de risque, si Dieu n'était pas amour ; il n'y aurait qu'à suivre le train de ce monde. Il n'y aurait jamais de décision à prendre, de choix qui nous engagerait. Tous les arrangements, toutes les excuses, tous les partages seraient possibles. Mais notre existence ne serait pas différente de celle d'une locomotive, ou d'une ardoise pour qui il n'y a évidemment pas de risque, pas de choix, pas d'enfer et pas de paradis.

L'amour de Dieu est un véritable risque. Cela veut dire qu'on ne plaisante pas avec lui, cela veut dire que cet amour si nous ne lui répondons pas, nous perd au lieu de nous sauver. II est inutile ici de chercher à se rassurer en se répétant que Dieu est amour, puisque justement là est le danger, le sérieux de notre situation. L'Écriture est formelle. L'Apocalypse parle de la colère de l'Agneau, de l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, de l'Agneau qui est l'expression unique et parfaite de l'amour éternel de Dieu ; colère qui n'est donc pas autre chose que l'amour, mais qui est cet amour même pour celui qui s'y soustrait et demeure dans l'incrédulité. Il ne fait pas bon se tenir en dehors de l'amour de celui qui nous aime, car si l'amour de Dieu est à l'intérieur douceur et tendresse infinies, à l'extérieur il est une flamme dévorante ; s'il est pour le croyant, pour celui qui se tient dans cet amour, vie éternelle, il est pour l'incroyant, pour celui qui se tient hors de cet amour, mort éternelle. La colère de l'Agneau n'est pas un jeu.

La jalousie de Dieu est aussi réelle, aussi éternelle que son amour. Il n'y a de salut possible par l'amour de Dieu que s'il y a une perdition possible par la jalousie de Dieu. Autrement tout sombre dans l'indifférence, dans la neutralité, dans l'athéisme. Notre vie perd toute espèce de sérieux. Il revient au même de croire ou de ne pas croire, d'être un homme ou un caillou. C'est pourquoi plusieurs Pères de l'Eglise et Luther ont eu raison de noter que l'enfer était aussi plein de l'amour de Dieu que le paradis. Tout ce qui existe, dans le temps et dans l'éternité, est à jamais soutenu et rempli par l'amour de Dieu. Satan lui-même en est enveloppé, et c'est là, oui, c'est là justement son supplice, d'être consumé par l'amour qu'il refuse et de n'en connaître ainsi que la jalousie, le feu dévorant. L'amour ne peut que perdre ce qui n'est pas amour. Il ne règne pas en enfer une autre loi que dans le paradis. Rien jamais n'échappe à Celui qui est amour. Mais l'amour éternel est la perdition éternelle de ceux qui le refusent. Si nous répétons souvent : « Dieu qui est amour ne peut tout de même pas perdre éternellement des hommes », nous ne savons pas de quoi nous parlons, puisque la souffrance des damnés, c'est justement que Dieu soit amour, puisque l'indifférence de Dieu pourrait seule les mettre à l'aise, puisque leur malheur, c'est d'être consumés par la jalousie de l'Éternel. Quand par sentimentalisme, nous nous plaignons de la jalousie de Dieu, quand nous refusons de courir le risque de son amour et d'admettre la possibilité de la perdition, ne sommes-nous pas nous-mêmes déjà comme les démons qui demandent à Dieu de les laisser tranquilles, de ne pas être amour, mais indifférence, et qui crient à Jésus : « Tu es venu poux nous perdre ! » N'est-ce pas alors que la bonne nouvelle de l'amour de Dieu n'est déjà plus pour nous que la mauvaise nouvelle de sa jalousie, tandis que la « mauvaise nouvelle » de sa jalousie ne devrait être pour nous que la bonne nouvelle de son amour ?

Comprenons-nous la gravité, le singulier risque qu'il y a à être aimé de Dieu ? Comprenons-nous pourquoi, à tant de reprise, Moïse et les prophètes et les apôtres nous répètent que notre Seigneur est un Dieu jaloux ? C'est dire que nul ici présent, que pas un d'entre nous ne peut échapper à celui qui nous déclare : « Je t'ai aimé d'un amour éternel », et que jamais rien au monde ne pourra effacer cette déclaration qui nous est faite en Jésus-Christ. Pour l'effacer, il faudrait que Dieu soit le Dieu des philosophes et des savants, et non le Dieu d'Abraham, le Dieu de Moïse et le Dieu de Jérémie. Nous sommes ici tombés dans les mains de celui qui est. amour, nous sommes tous devant l'Agneau de Dieu, tous devant Jésus-Christ. Il n'y a que Lui, partout.

Toute-puissance lui a été remise au ciel et sur la terre. Mais alors Lui, l'Agneau de Dieu, Lui, l'amour de Dieu, sera-t-il notre salut ou notre perte, notre béatitude ou notre supplice, telle est en cet instant la question de notre foi ou de notre incrédulité. Heureux ceux qui savent que c'est une chose terrible de tomber dans les mains de celui qui pardonne. Heureux ceux qui se laissent dire aujourd'hui : le Seigneur est jaloux de toi, le Seigneur te veut tout entier. Ceux-là connaîtront pour l'éternité et déjà connaissent la puissance et la douceur de son amour. Mais malheur à nous si le message de l'amour éternel de Dieu nous laisse indifférents, partagés, ou même nous rassure dans notre égoïsme. Malheur à nous si ce message n'est pas notre nouvelle naissance. Car nous n'empêcherons pas Dieu d'être amour, et cet amour d'être l'éternel tourment de notre égoïsme, le feu qui consumera notre alliance avec le Prince de ce monde.

Que maintenant donc notre seule consolation, notre seul espoir, notre seule joie dans la vie et dans la mort, soit d'appartenir au seul vrai Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, qui nous aime éternellement et qui est éternellement jaloux de nous.

ROLAND DE PURY
source: .regard.eu.org 

 
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