Israël expulse des dizaines de clandestins africains

lundi 18 juin 2012

Dimanche soir, ce sont près de 150 Soudanais du Sud qui devaient prendre place à bord d'un vol charter qui les mènera de Tel-Aviv à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Une première opération qui devrait se répéter toutes les semaines pendant environ un mois après qu'Israël ait initié une «campagne d'arrestations» contre des migrants africains entrés illégalement sur son territoire via sa frontière avec l'Égypte, située dans le désert du Sinaï (sud du pays). Au total, ce sont près de 4500 clandestins qui doivent être expulsés.

Officiellement, il s'agit d'expulsions volontaires. Tous les Soudanais du Sud recevront 1000 euros par adulte et 300 par enfant. Cependant, des expulsés ont peur de leur avenir: «Je n'ai pas de famille là-bas. Je ne sais ni où aller, ni quoi faire», a raconté à la radio militaire Justyna Wanis, en Israël depuis cinq ans. William Tall, fonctionnaire du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), a déclaré avoir reçu l'assurance d'Israël que les cas de ceux qui refuseraient de partir seraient examinés par les autorités.





Les clandestins sont principalement des Érythréens, des Soudanais du Nord et du Sud mais aussi des Ivoiriens. La bonne entente entre Israël et le Soudan du Sud permet l'expulsion des ressortissants de ce pays. En échange de son accord, le pays reçoit l'aide israélienne pour l'exploitation de son pétrole et pour moderniser son agriculture. Il y aurait entre 700 et 1500 Soudanais du Sud en situation irrégulière en Israël, travaillant principalement dans l'hôtellerie et le commerce.

«Maintien de l'identité juive de l'État»
Ces expulsions sont soutenues par une partie de la population. Une psychose est née ces derniers mois en Israël après une succession de viols et d'agressions attribués à des immigrés africains. Plusieurs manifestations violentes à Tel-Aviv contre ces clandestins ont fait la une des médias. Au cours des semaines, plusieurs immigrés ont été molestés dans les quartiers sud de la ville. Des automobilistes africains ont été attaqués. Un minibus a été assailli par les manifestants aux cris de «Soudanais dehors!». Un climat délétère à l'encontre de ces migrants africains, dont la présence est estimée à près de 60.000 personnes. Á Eilat, la grande ville balnéaire du sud d'Israël, ils représentent un quart de la population.

«Le gouvernement lance aujourd'hui l'opération de rapatriement de milliers d'infiltrés», s'est félicité dimanche le premier ministre, Benyamin Nétanyahou qui a ajouté «vouloir expulser ceux qui vivent parmi nous de façon humaine et conformément aux valeurs du judaïsme». Le ministre de l'Intérieur, Eli Yishai, membre du parti ultrareligieux Shass, a, lui, dit craindre pour «le maintien de l'identité juive de l'État», expliquant notamment que les immigrés «viennent prendre le travail des Israéliens».

Israël érige également une clôture de 250 kilomètres le long de sa frontière avec l'Égypte pour tenter d'empêcher les «infiltrations». L'ouvrage sera totalement opérationnel à la fin de l'année.



Les Israéliens divisés

 

Jusqu’ici, la société israélienne était plutôt indifférente quant au sort des migrants africains. Mais depuis les menaces du gouvernement d’expulser une partie des immigrés clandestins, le sujet divise la société israélienne. Même si l’ensemble des Israéliens s’accorde pour dire que les immigrés illégaux posent des problèmes d’ordre social et économique, d’un côté, il y a ceux qui s’appuient sur la pérennité des valeurs juives et de l’autre, ceux qui défendent l’identité juive.
Beaucoup d’Israéliens ont été choqués par les manifestations et les agressions anti-immigrés de ces dernières semaines. Un certain nombre d’entre eux estiment que l’Etat devrait accueillir dignement ceux qui fuient les persécutions. De nombreuses voix s’élèvent pour rappeler l’histoire du peuple juif. Pogroms, racisme et réfugiés sont des thèmes centraux dans la mémoire collective du peuple juif.
Or, une expulsion massive des migrants réveillerait les souvenirs des exodes vécus par le peuple juif tout au long de son histoire. Eduqués dans la mémoire de la Shoah, nombreux sont ceux qui s’opposent à la notion même d’expulsion, jugée contraire aux valeurs juives. Ils plaident pour la perpétuation des valeurs juives. Ils soutiennent une politique d'asile sans limite et refusent de fermer leurs frontières à ceux qui fuient les persécutions.


 
Inside Story - Should Israel be responsible for... von aljazeeraenglish



Ceux qui s’opposent à la présence des migrants africains estiment qu’ils incarnent une menace existentielle au caractère juif de l’Etat d'Israël, comme l’ont rappelé plusieurs ministres du gouvernement. Or, la pérennité de l’identité juive est au cœur même de leur croyance.
Les Israéliens reconnaissent l’échec de leur Etat dans sa gestion des migrants africains. Ils pointent du doigt le gouvernement qui a laissé s’installer un climat d’intolérance et de haine entre les immigrés et la population israélienne.


D’après Sigal Rozen, coordinatrice de la Hotline israélienne pour les travailleurs immigrés, «en Europe de l’Ouest, 83% des Erythréens dont la demande de réfugié a été étudiée ont été reconnus comme tel. Mais ici, il n’y a aucune autorité compétente pour déterminer le statut de chaque réfugié, pour savoir s’il vient d’Erythrée ou du Soudan et s’il serait en danger dans le cas où il serait renvoyé vers son pays d’origine».
Partagée entre l’identité juive et ses valeurs issues de son histoire, la société israélienne prie le gouvernement de traiter dignement ces immigrés, sans affaiblir l’identité nationale et la judaïté de l’Etat d’Israël.
Kristell Bernaud

source: lefigaro slate






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